S22.E01
Sous la direction de Linda Goode Bryant
Pendant des siècles, l’infrastructure qui se trouve actuellement à la base de la production artistique et du marché de l’art actuel mondial s’est construite sur un modèle économique calqué sur des valeurs et principes fondamentaux relatifs au gain et aux biens matériels. En dépit des changements liés à l’évolution des différentes cultures et de l’art pendant cette même période, l’infrastructure est en grande partie restée la même.
Que se passerait-il si on envisageait un autre genre d’infrastructure ? Qui soit aussi incompatible que le Concerto in Black and Blue de David Hammons (2002) l’était avec la relation et les exigences existantes entre un artiste et une galerie commerciale, ainsi qu’à la finalité et au but inhérent au commerce de l’art ? Qu’adviendrait-il si cette infrastructure était basée sur un système fondé sur la créativité et la culture ? Est-ce qu’elle se conformerait aux principes et aux valeurs déterminés par ses préoccupations humanistes ?
Cette infrastructure pourrait-elle réellement soutenir la pratique artistique des artistes du 21ème siècle et subvenir à leurs besoins vitaux de façon adéquate ? Comment évaluerait-on les œuvres d’art et ceux qui les créent ? Quelle forme devrait-elle adopter et quels services et activités proposerait-elle ? L’art serait-il découvert ou révélé à des gens vaquant à leurs occupations quotidiennes, comme avec la bouteille de vin et la vente de boules de neige de David Hammons, ou avec les performances sur autoroute de Senga Nengudi ou encore Art Is de Lorraine O’Grady.
Y’aurait-il une programmation pour le public ? Ses installations artistiques seraient-elles contextuelles, comme les notes de bas de page d’une nouvelle de David Forster Wallace, au lieu d’être dissociées de l’époque, des circonstances et des conditions de réalisation et d’élaboration de l’œuvre ? Les objectifs, le rôle et le pouvoir des critiques et commissaires d’exposition, des musées et des galeries, des marchands d’art, des collectionneurs et des mécènes changeraient-ils en fonction de leur relation à l’art, aux artistes et au public ?
Qu’adviendrait-il si la valeur de l’art était fondée sur son aspect social et humain plutôt que sur sa valeur en tant que produit ? Pouvons-nous imaginer simplement une infrastructure perméable aux méthodologies de la pratique artistique elle-même et que celle-ci façonnerait, à l’inverse du modèle dominant actuel ? À quoi pourrait-elle ressembler si elle était configurée suivant la méthode de direction du chef d’orchestre Lawrence « butch » Morris, ou suivant la cacophonie visuelle des images en mouvement d’Arthur Jafa, ou encore la logique organisationnelle des revues Black Currant de Janet Henry, pour ne citer que quelques exemples de pratiques artistiques générant un modèle différent d’infrastructure.
En se servant du musée d’art public à la fois comme point de connexion et comme point de départ pour l’infrastructure artistique actuelle, les participants à la Session 9 s’attaqueront à ces questions et commenceront à y répondre, tandis qu’ils envisageront et concevront une infrastructure qui soutienne les artistes et élève le niveau à partir duquel ceux-ci doivent sans cesse créer et créer encore. Une structure qui diversifie les moyens de rendre les artistes plus autosuffisants, que ce soit par rapport à leurs besoins vitaux ou à leurs exigences sur le plan créatif, à partir des connaissances fournies par les artistes eux-mêmes et par leurs œuvres. Une infrastructure qui puisse exister comme un pôle créatif au sein des populations locales et qui offre un accès constant à l’art en permettant d’y participer directement, comme si celui-ci faisait naturellement partie de la vie quotidienne.