S18.P01
« Dans le village de Valojoulx, le duo vient d’achever un « cabanon » de pierre, de bois et de verre noyé dans la chênaie. La commande était simple : une maison d’accueil, tantôt pour les hôtes (saison haute), tantôt pour les artistes en résidence (saison basse). Inséré dans le dévers, le bâtiment plante ses puissants pignons en pierre locale à l’est et à l’ouest et déroule d’amples surfaces vitrées en direction de la forêt, sectionnées de meneaux en bois.
En rez-de-jardin haut est installée la pièce commune ; celle-ci s’élance au-dessus de la pente et découvre une vue panoramique sur les arbres.
En rez-de-jardin bas, les espaces individuels de nuit répliquent cette ouverture généreuse sur la végétation. La connexion avec l’environnement n’est jamais perdue, qui rend sensibles le bruissement des feuilles, les variations de lumière, l’écoulement calme du temps.
C’est grâce à cette aptitude de l’architecture à entrer en résonance avec le lieu et la mémoire, à lier les temps, que les architectes façonnent une continuité patrimoniale. Ils n’hésitent pourtant pas à employer des matériaux contemporains par pragmatisme, l’acier pour les menuiseries, la tôle ondulée grise pour la toiture à deux pentes, dont la teinte mimera dans le temps celle de la pierre de lauze des édifices voisins. Fruit du réel, l’architecture de Sapiens veut avoir la force de la nécessité : elle ne pourrait être transposée ailleurs. »
Texte écrit par Julie Gimbal pour la Revue le Festin; Mai 2021